Pierre Rabine

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PIERRE, 23 ANS

L’histoire de Pierre fait sûrement partie des plus incroyables qu’il m’ait été donnée de raconter. 

Sa vie a basculé le mercredi 11 Avril 2018. 

Après un accident de travail sur la zone industrielle de Bouguenais, il est emmené de toute urgence au CHU Nantes Nord. La douleur étant trop forte, il sera placé dans un coma artificiel pour une durée de 2 semaines et demi. L’objectif de le mettre dans le coma était de lui permettre de garder un état stable et de procéder aux amputations afin de le stabiliser, les médecins n’avaient aucune certitude qu’il allait se réveiller.

A son réveil, on lui annonce qu’il avait moins d’1% de chance de survie.

« Lorsque je me suis réveillé, on me donnait déjà le surnom de Miraculé. Toutes les amputations se sont faites dans le coma. Ça a été progressif, tous les deux ou trois jours ils amputent un membre. Mon pronostic vital était engagé, je n’étais pas stable. Mon corps ne réussissait pas à guérir. Les amputations avaient pour but de me stabiliser.”

Pierre aura subi plusieurs amputations les unes à la suite des autres. Des amputations très hautes au niveau des bras, amputation fémorale de la jambe droite. Amputation tibiale au niveau de la jambe gauche. 

Il me confie que les chirurgiens sont allés au maximum de l’amputation possible. 

“Les autres personnes qui sont amputées comprennent mieux les choses et la situation, c’est au vue des amputations que l’on comprend la gravité de l’accident.” 

Il a passé en tout 2 mois et demi à l’hôpital. Le 17 juin 2018, il quitte l’hôpital pour le centre de rééducation et de réadaptation de Kerpape. Il a pris cette décision avec le chirurgien car il ne voulait pas rester sur Nantes. Kerpape a été une étape charnière de sa convalescence car c’est là bas qu’il dit avoir réappris à faire certaines choses.

“J’ai profité de cette opportunité pour repartir à zéro et quitter le département. Ce choix à été très bénéfique. Là bas j’ai appris à marcher, à nager, j’ai réappris beaucoup de choses. J’y suis allé étapes par étapes. »

Il y reste un an, avant d’y retourner quelques semaines plus tard afin de faire un point avec les médecins pour mettre en place tout ce qu’il faut pour l’aider dans son quotidien.

Il revient à Nantes, chez ses parents.

“C’est le plus simple, tout est à proximité pour moi. Je suis à côté de la piscine, de la salle de musculation et du prothésiste. » 

L’objectif de Pierre aujourd’hui c’est de se qualifier pour les JO 2024 en catégorie paralympique. 

Il s’inscrit et se qualifie aux championnats de France.

"Mon rêve, ce serait de me qualifier aux JO 2024 et ramener une médaille d’or.”

Lors de notre deuxième entrevue, Pierre rentrait tout juste de Belgique où il avait effectué une formation professionnelle. Suite à cette formation, il concourt lors d’une compétition régionale à Lannion.

 

“D’abord, c’était Valenciennes au championnat de France grand bassin, avec mon coach nous avons amélioré le record de France du 50m brasse ce qui me positionne par référence au top 10 mondial du 50m brasse et vice-champion de France médaillé.”

 

Pierre me précise cependant qu’il n’a actuellement pas de licence internationale et qu’il n’est pas encore en équipe de France mais qu’il fait partie d’un comité régional. On parle donc ici de temps positionné par référence, d’un minima B, il qualifie ça d’encourageant et ça le motive à continuer au vu d’une telle prouesse en seulement 1 an et demi. 

 

J’ai confié à Pierre qu’aujourd’hui je travaille sur Afterlife pour casser les tabous sur beaucoup de choses dont le handicap, qu’à défaut de vouloir sensibiliser les gens, on devrait surtout les éduquer là dessus. Il m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup marqué :

 

“Il y a aussi une crainte, les gens se prennent la tête pour beaucoup de choses. Les gens ne sont pas assez ouverts au Handicap, ils n’en ont pas l’habitude et surréagissent. Quand les gens me regardent, ils ne se disent pas que je peux marcher, courir ou bien nager. Quand je leur dit que je suis athlète et que je nage, ils ne me croient pas. Il faut donner envie aux gens de s’intéresser aux personnes en situation de handicap, le faire d’une bonne manière, être soi-même. Dans ma famille, on n’avait pas de personne en situation de handicap, ce n’est pas qu’on ne s’y intéressait pas, on ne connaissait pas. Depuis que je le suis, ma famille s’intéresse au Handicap. Si tu n’en parle pas, les gens n’y penseront pas. Les gens ne le vivent pas, il ne le comprendront pas. Tu t’y intéresses parce que tu l’as vécu ou parce que tu connais quelqu’un qui l’a vécu. C’est pour cette raison que par exemple, un amputé va être suivi par beaucoup d’amputés sur les réseaux sociaux, même si la personne est à l’autre bout du monde le Handicap est un rapprochement.”

 

Aujourd’hui, il est content d’être suivi par une petite communauté car il sait que les gens sont vraiment intéressés par son contenu. Il prend plaisir à répondre aux questions et à parler du Handicap autour de lui. 

 

“Relativiser sur la chose, c’est très compliqué. Il y a des gens qui m’ont demandé quelle avait été ma plus grande souffrance suite à l’accident, quand je leur explique, ils me disent qu’ils n’auraient pas été capable de le surmonter. C’est la réalisation qui a été le plus dur. Je ne cherchais pas à comprendre pourquoi, parce qu’en fait on ne comprend pas. On passe ensuite par la colère, et c’est à ce moment-là que les choses changent. Certaines personnes sont restées en colère, moi j’ai tout analysé. C’est dans ma nature, j’ai toujours analysé les choses. J’ai toujours besoin de réponses à mes questions. Je me suis calmé et j’ai réfléchi à ce qu’il s’est passé, je ne suis pas resté sur la colère. Ma plus grande souffrance a été de voir les yeux de mes parents à mon réveil, mon cœur était en miettes. J’ai réfléchi énormément, je me suis dis que j’avais deux choix, soit je me relève de cette épreuve, soit je me laisse mourir. Et après je me suis dit, si je suis encore en vie c’est pour une bonne raison, c’est que j’ai encore quelque chose à faire, alors j’ai repris ma vie en main. “

 

Quelques jours avant notre entrevue, il à réécouter une chanson qu’il écoutait à Kerpape, et il s’est dit que la vie qu’il voudrait, c’est celle qu’il a aujourd’hui. 

 

“4 ans après, j’ai repensé à ce moment et j’ai souri, je me suis dit que ça y est j’avais réussi. » 

 

Il est très confiant aujourd’hui dans la médecine et la technologie en ce qui concerne l’optimisation du confort des personnes en situation de handicap, notamment dans le cadre des prothèses.

Il conseille énormément les gens sur le mental et le sport au travers de son compte Instagram. 

 

“La moitié de mes journées, je fais du sport. Je ne mets pas les prothèses de bras car elles me gênent durant mes entraînements, je porte davantage les prothèses de jambes. Je passe à peu près 6 ou 7 heures de mes journées à m’entraîner. Je travaille énormément mes jambes, étant dans un fauteuil je dois les faire travailler beaucoup plus pour ne pas atrophier le muscle.”

 

J’ai demandé à Pierre ce qu’il dirait à la personne qui lit ça, si il ne pouvait dire qu’une chose :

 

« Tout est possible. Je me suis dit que rien n’est impossible mais au vu de la négativité de l’état d’esprit de l’humain je préfère dire que tout est possible, car avec cette phrase il y a une certaine motivation et une discipline qui peuvent en découler.” 

 

Actuellement, Pierre est encore en procès civil. Il continue néanmoins de motiver les gens à travers ses réseaux sociaux et aussi en entretien avec des gens. Il m’a confié que son but, même s’il y va étapes par étapes, ce serait de devenir coach. 

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