Emilie

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Emilie, 24 ans

Emilie est une Française résidant actuellement au Québec.

“Quand j’ai fais ma grosse dépression, le problème que j’avais c’est que je lisais beaucoup de témoignages de personnes en dépression mais personne ne disait qu’il était sorti de dépression. Au fond de moi je me disais que j’allais sortir de cette situation mais je me disais aussi que personne n’avait l’air d’en sortir donc j’avais du mal à y croire. J’ai découvert que j’ai été en dépression plusieurs fois dans ma vie sans forcément m’en rendre compte, mais pas comme ça.”

Son histoire commence en janvier 2020 lorsqu’on lui diagnostique une endométriose sévère. Suite à ce diagnostic, elle est obligée de prendre des hormones de synthèse, un traitement très lourd. 

Elle se rend compte rapidement que les hormones ne lui vont pas, elle accepte de les prendre mais c’est la descente aux enfers pour elle. Au début, elle à l’impression qu’elle n’a pas d’effets secondaires, elle n’a plus autant mal qu’au début. L’endométriose l’handicapait quotidiennement, elle avait parfois du mal à se lever et souffrait énormément. Cette situation devient vite très difficile à vivre car son Visa d’étudiant au Canada l’oblige à être présente en cours à temps plein, elle ne peut donc pas se permettre de les manquer. 

“Quand je parle de douleur, je parle de torture physique. Je n’ai jamais eu autant mal dans ma vie qu’à cette période là.”

Les hormones la mettent en “ménopause artificielle”, elle souffre beaucoup moins. Puis; tout à commencé trois mois après le début de la prise des hormones, du jour au lendemain. Elle a d’abord eu des attaques de panique très violentes, elle était incapable de sortir de chez elle.

“Je me réveillais le matin, j’avais envie de mourir. je pleurais énormément. C’était hyper violent parce que c’est arrivé du jour au lendemain. J’essayais de me raisonner en me disant que c’était les hormones. Il y avait en plus de cela le choc du diagnostic de la maladie, on m’a dit de commencer à réfléchir à certaines choses comme le fait que je pouvais être stérile d’ici 2 ans, c’était beaucoup d’informations mais je savais que mon mal-être venait en partie des hormones.  » 

Emilie n’a pas le choix de prendre ces hormones, sinon elle souffre énormément, mais elle ne peut pas continuer non plus les traitements hormonaux car elle n’en peut plus d’être dans son état actuel. Elle essaye de contacter des médecins pour leur expliquer, ils lui répondent tous la même chose à savoir : on ne peut rien faire de plus que donner des hormones. 

“Je pense que le sentiment d’injustice est le pire dans cette histoire, des médecins m’ont demandé de prendre plus sur moi, d’être patiente, qu’il n’y avait pas d’autre solution. Et je n’arrêtais pas de leur dire que je n’était pas la seule femme atteinte de cette maladie. Ma vie était un enfer, elle ne m’appartenait plus. Je ne pouvais rien faire, je ne pouvais plus travailler, j’étais sans arrêt épuisée.” 

Le fait qu’il n’y ait pas de solution et que personne ne l’écoute c’était trop pour elle. Elle s’est sentie face au mur, elle pleurait sans arrêt et ne faisait plus rien.

Au bout de 8 mois, Emilie s’est résignée, elle voulait en finir. 

Elle finira par se ressaisir et commencera à chercher des témoignages de femmes atteintes, elles aussi, d’endométriose. Elle me confie que ce qui l’a frappée ce n’était pas seulement le fait de se rendre compte que beaucoup d’autres femme en étaient atteintes, c’était le fait qu’il n’y ait pas de solution adaptée à cette maladie, pas de traitement à proprement parlé. 

“Ces femmes vivaient la même chose que moi sauf qu’elles avaient des enfants, un travail, il faut qu’elles s’occupent de tout ça alors qu’elles avaient toutes envie d’en finir. Et là je me suis dit “Mais il n’y a pas de solution?” Je suis allée consulter une psy, je lui ai dit que j’avais conscience d’être en dépression à cause de la maladie mais surtout à cause des hormones qui ne me convenaient pas. Elle m’a répondu que je devais changer de traitement, j’en étais déjà à mon deuxième.” 

Sa psy voulait lui prescrire des anxiolytiques et des antidépresseurs, Emilie savait pertinemment que les effets secondaires de ces traitements étaient dix fois pire que ce qu’elle vivait quotidiennement.

“Je lui ai dit que ce n’était pas compatible avec ce que j’ai, les antidepresseurs, parmis les effets secondaires : il y a des envie de suicide. Ce à quoi elle m’a répondu qu’elle pouvait me mettre sous anxiolytiques avec le traitement. Je me suis dit que ce monde n’allait vraiment pas bien. Avec le recul aujourd’hui, j’arrive à en rigoler car c’était vraiment absurde.” 

Suite à tout cela, elle en a marre et décide d’arrêter son traitement. Elle veut trouver une solution mais naturellement. Il lui faudra 3 mois de processus pour arrêter afin de se préparer à ressentir de nouveau la douleur de l’endométriose.

Après tout ça, la douleur, la souffrance physique et psychique, j’avais l’impression de ne plus être la même personne.

Cette solitude face à soi-même, ça te change, pour toujours. J’ai eu des moments sombres, des moments d’évidence sur des choses du passé qui m’ont fait réfléchir. C’était comme une croûte qu’on enlève d’une blessure pour mieux guérir.”

Comme je lui ai expliqué, avec Afterlife, c’est ça que je veux mettre en lumière : il y a toujours un Après. Il y a quelque chose après, on finit par en sortir.

Emilie a dû faire un long chemin, elle passait par des phases d’acceptation d’elle-même, de choix qu’elle avait pu faire, tout ça durant les trois mois de processus d’arrêt de son traitement.

“Je me posais beaucoup de questions : pourquoi j’ai fait ce choix là, Pourquoi aujourd’hui je me rends compte que c’était une mauvaise chose mais pas au moment de le faire ? J’étais en pleine introspection de moi-même. Je me suis dit : ça fait un an que tu as envie de mourir tous les jours, mais ton corps mérite mieux, il mérite plus que ça. C’était un moment de résilience,comme un accouchement du mauvais. Tu ne t’aimais pas, mais maintenant tu dois faire l’effort de t’aimer.”

Elle a arrêté le traitement lorsqu’elle s’est vraiment sentie prête. La dépression, elle, a continué. Les douleurs ont repris mais elle ne s’autorise pas à sombrer de nouveau. 

“J’ai récupéré les douleurs mais j’ai aussi en quelques sortes récupéré mon âme, sous hormones j’étais vide.”

Elle a continué à voir sa psy et elles ont démarré un travail sur toute sa vie. 

Emilie est quelqu’un d’hyper sensible, ce passage sous hormones lui a mis en lumière le fait qu’il est beaucoup plus sain de ressentir toutes ces émotions. Le fait de les avoir perdues lui donnait l’impression qu’elle n’était plus rien. 

 

“Je me regardais dans le miroir, ce n’était pas moi. Je ne reconnais pas cette personne. Pire que de ressentir des émotions fortes, c’est ne rien ressentir. Les émotions sont là pour t’indiquer des choses dans ta vie et t’indiquer quoi faire. Quand tu n’a plus ces indications,tu n’es plus qu’un œil qui regarde les choses.”

Un jour, elle à ressenti une émotion qu’elle n’avait jamais encore ressentie : l’envie de se lever, l’envie de faire du yoga, de prendre son petit déjeuner.

“Je sais que les gens vont se dire “mais comment ça ?” Je me dis que pour tout le monde c’est normal, mais pour moi ça été un moment décisif. Et ce sentiment restait de plus en plus, un jour après l’autre.”

Elle prend une énorme claque le jour où on lui annonce qu’à cause de sa maladie, elle ne pourrait pas exercer le métier de ses rêves et pour lequel elle étudiait. Son école lui a fourni énormément d’aide et d’entourage pour lui favoriser une redirection. 

“Tous mes choix ont été bons au fur et à mesure. Je ne suis pas restée passive, j’avais une soif de changement, de passer à l’action, que cette étape soit derrière moi : d’avancer. Cet élan je ne l’avais pas, je l’attendais. L’arrêt du traitement à été un premier élan en soi, le fait que je change mes habitudes de vie, ça à aidé à conserver cet élan. C’est à ce moment là que je me suis dit : je me choisi aujourd’hui et maintenant, j’ai survécu jusqu’ici donc ça doit fonctionner. » 

 

Emily s’auto-détermine énormément pour pouvoir avancer. 

 

“J’ai réalisé quelque chose d’horrible dont j’ai dû rapidement faire le deuil : c’est que tu es seul. Les gens ont beau t’entourer, t’aimer, tu es toujours seul avec toi même. Personne ne va faire les choses à ma place, personne ne va venir me sauver. J’ai vite travaillé sur l’idée d’enterrer ça.”

Elle avait besoin de faire des choses qui avaient du sens. Elle a, par exemple, créé un groupe pour les femme qui souffrent d’endométriose et qui veulent se soigner naturellement.

“Vu que personne ne nous aidait j’ai essayé de devenir experte de ma maladie, j’ai regardé des centaines d’études américaines sur l’endométriose, pour savoir comment me soigner. C’est aberrant de se dire qu’en 2022 dans une société occidentale on doit chercher à se soigner soi-même.”

Le travail pour lequel elle étudiait n’étant pas conforme à sa maladie, elle se redirige vers le graphisme où elle renouera avec sa créativité. Être entourée de femmes qui elles aussi souffraient de la même maladie lui a donné un milieu de sororité ou tout le monde se soutenait et ça l’a aidé dans le travail sur elle même et sur son enfance qu’elle me décrit comme souvent très dure. 

“Aujourd’hui je me rends compte du chemin que j’ai fait et je peux me dire que je suis heureuse, je ne suis plus en dépression, je suis heureuse. Avant j’avais des moments d’euphorie instantanés mais pas du bonheur. Des fois je me dis que je suis tellement têtue qu’il me fallait peut-être ça.” 

 

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