Elena

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Bonjour, je m’appelle Elena, j’ai 23 ans et je souffre de TOC anxieux.

Depuis que je suis petite, je suis assez angoissée par la vie. Mes parents habitent dans une vieille maison, extérieur en pierre et intérieur fait principalement de bois. Pour ma chambre c’est pareil, les murs sont en lambris, le sol en parquet flottant. Ma fenêtre a un rebord intérieur qui permet de s’y installer quand on est petit. Au pied du rebord arrive ma multiprise. Enfin, il y a des rideaux à ma fenêtre qui touchent cette multiprise. Les détails sont importants bien qu’assez ennuyeux. Ainsi, lorsque j’étais petite (8 ans et même avant), je me relevais régulièrement pour vérifier que les rideaux ne touchent pas la multiprise, et si c’était le cas je déplaçais cette dernière pour ne pas qu’en cas d’étincelles, un feu se propage. Il m’arrive encore de le faire quand je suis dans un lieu où un radiateur électrique touche un rideau ou lorsque je retourne chez mes parents et que je suis dans une période de stress (les examens, un changement important dans ma vie etc…). Des TOC, (troubles obsessionnels compulsifs) j’en avais plusieurs comme éteindre et rallumer la lampe de chevet plusieurs fois de suite pour être sûre qu’elle soit bien éteinte et pas « en position intermédiaire ». Ça n’a pas vraiment de logique mais bon, c’est un TOC.  

Même si j’étais petite, je savais que ce comportement n’était “pas normal”. En grandissant et notamment en arrivant dans les études supérieures, mes TOC se sont aggravés. « Est-ce que j’ai bien éteint les plaques électriques chez moi », « est-ce que j’ai bien fermé ma voiture » « est-ce que si ou ça ». Bref, avec les temps les idées étaient tellement obsédantes que je n’arrivais pas à les contrôler et il m’arrivait parfois de déranger des amis pour qu’ils passent chez moi voir si le bâtiment était en feu, ou si ma porte d’appartement était fermée ou même de faire lever mon copain tard dans la nuit pour qu’il descende les deux étages dans le froid voir si ma voiture était fermée. Toujours pareil, ces obsessions se déclenchent qu’en cas de stress dans ma vie. Parfois je pouvais les contrôler et parfois non.

Mais tout a changé fin 2018, début 2019. Mes TOC avaient totalement changés, ils étaient nouveaux et totalement déroutants. J’ai cru devenir folle. Au lieu d’être « est-ce que j’ai bien fermé la porte » c’était devenu « est-ce que je suis pédophile ? Est-ce que je pourrais faire du mal à quelqu’un ou même tuer un individu ? » « Le Nazisme est-ce que c’était si mal, est ce que je pourrais être Nazi ? ». Autant vous dire que j’avais très peur de moi-même et de mes pensées. Ces idées étaient obsédantes, je ne pouvais pas penser avait autre chose. Alors pour essayer de me calmer j’essayais de rationaliser « imagines toi faire ci ou ça et voit ce que ça te procure comme sensation et tu auras ta réponse ». Mais, une fois que mon esprit avait déraillé, je ne pensais plus rationnellement. Entre imaginer un acte et le faire il y a un pas immense, donc impossible de me calmer, ça ne faisait que me terrifier encore plus car je ne ressentais rien.

Je pensais réellement devenir folle et être dangereuse. J’avais tellement honte de mes pensées, je pleurais constamment. Suivre mes cours dans ces conditions n’était plus possible. Ces troubles impactaient toute ma vie. J’ai donc décidé d’aller consulter mon médecin traitant pour lui en parler. Je me souviens être dans la salle d’attente, totalement stressée et paniquée, j’avais envie de partir et en même temps d’être enfermée en psychiatrie car je pensais réellement être devenue folle.

A 21 ans, je pensais que ma vie était foutue à cause de mes propres pensées.

Je pensais que jamais je ne pourrais travailler dans ce que je voulais car jamais je ne pourrais assumer la moindre responsabilité.

Ma médecin m’a reçu, elle était d’une gentillesse incroyable. Elle m’a très vite rassurée et expliquée que je devrais consulter une psychiatre. Évidemment pour moi et comme beaucoup encore maintenant, consulter est tabou. Ça signifie être fou ou folle, avoir de réels problèmes. La société nous pousse à croire qu’il faut éviter de consulter. Mais comme dit mon beau-père « quand tu as un problème au cœur tu vas voir le cardiologue, quand tu as un problème de santé le docteur, donc quand tu as un problème à l’esprit tu vas voir le psychiatre ou le psychologue. Il n’y a pas de honte ».

Maintenant, avec le recul, je pense que plus de personnes devraient consulter. On devrait peut-être même tous y passer au moins une fois (certes c’est un peu extrême). Mais quand on regarde la société dans laquelle nous vivons, celle qui nous pousse à faire toujours plus, toujours mieux et plus vite, qui ne nous laisse pas le temps de s’occuper de soi ou même de penser aux autres, il est normal que les gens déraillent. Il y a, au cours de ces dernières années et notamment avec la crise de la Covid-19 de plus en plus de dépressions, de troubles anxieux ou autre troubles. La consultation aide à rationaliser et à savoir que nous ne sommes pas seuls. Elle nous aide à aller mieux.

Voilà maintenant bientôt 3 ans que je consulte une psychiatre avec qui les séances se passent très bien et avec qui je suis en totale confiance (je pense que c’est très important). Depuis je suis un traitement, qui diminue petit à petit. Je ne me relève plus pour voir si ma voiture est fermée, je n’ai plus aucune idées sombres. Enfin si, il m’arrive parfois de refaire ce que j’appelle « une crise ». Toujours pareil, elles sont déclenchées par la fatigue, un changement important ou le stress. Mais maintenant, je ne m’accroche plus à ces pensées et les laissent passer, mes crises ne s’installent plus dans le temps. Je peux dire que je revis. En fait, le poids sur ma conscience est parti très vite quand ma psychiatre m’a annoncé que non je n’étais pas folle, et que non je ne voulais pas faire des mal à des individus. Elle m’a expliqué que c’étaient des pensées totalement aléatoires. Elle m’a même un jour dit que je me fixais là-dessus, mais que si ça avait été une poubelle ça aurait été pareil. J’ai ri.

Voilà, je suis malade. Je l’accepte et mon entourage aussi. Mes amis sont au courant et rien n’a changé avec eux. Mes études se passent très bien, j’ai un master 1, je peux faire le métier que je veux.

Je suis victime de mes pensées. J’ai des TOC anxieux à 23 ans.

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